10/08 - J2 50km

St Benoît – Briare

50km... je peine à le croire tant j'en ai chié. Un vent de bretons toute la journée. De face, de droite, de gauche, rarement derrière... du moins c'est ce que je me raconte.

Sur la route je passe devant la centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly et ses quatre cheminées. Les centrales nucléaires du Loiret et de Navarre, nous y reviendront... mais pas aujourd'hui.


Le midi, je m'arrête déjeuner sur un espace municipal enherbé, lieu de perdition de nombreux cyclistes. Il faut dire qu'il y a des tables, de l'ombre, de la verdure et de l'eau... L'endroit idéal pour pique-niquer... même s'il y a foule !

J'y fais la connaissance de Jeanne, Cédric et leurs deux enfants. Rencontré.e.s la veille au bar de St-Benoît, on s'est salué plusieurs fois depuis le petit-matin sur le camping. Je ne sais pas grand chose de leur périple en cours, sinon que la famille a pris la route au départ d'Orléans plusieurs jours auparavant.

Jeanne me raconte comment 10 ans en arrière, sur un raz-le-bol, elle a rejoint un ami sur les routes de la Palestine et d'Israël durant 3 mois, sans passeport. Partir seule en zone de conflit armé, avec son vélo, ses sacoches et sa culture d'occidentale qui n'a jamais connu la guerre. J'en suis pantois. Elle me raconte comment son voyage aurait même pu lui rapporter de l'argent eu égard à certaines propositions déplacées qu'elle a reçu de la part de certains hommes peu scrupuleux.


Durant notre conversation, j'observe du coin de l’œil leur petite fille de 10 ans, affairée à secourir une guêpe en train de mourir sur la table.

Au moment du discours sur la richesse de la ruralité palestinienne, mon cerveau s’égarait dans des considération bien différentes et je me reconnaissais dans cette petite fille attristée par la mort de cet animal peu sympathique.

L'entendre soudain hurler et se noyer dans ses pleurs quelques instants après me fendit le cœur... Elle venait de se faire piquer par madame la guêpe, alors que la pensant morte, la fillette s'apprêtait à l'enterrer solennellement.

Alors s'agrippa à moi l'idée qu'il est des moments de vie capables de changer un être humain pour toujours. Il est probable que la gamine se méfiera désormais un peu plus des guêpes. Je lui souhaite que cette méfiance ne se change pas en angoisse sous les encouragements de cette société du risque zéro. Des guêpes un peu insistantes, j'en verrai bien d'autres sur mon chemin...


Je prends parfois le malin plaisir à les laisser se poser sur moi et concentrer mon cerveau à maîtriser la petite crainte d'une piqure en bougeant le moins possible. J'ignore si ce conseil est un bon conseil, mais dans mon cas, en restant cool avec les guêpes, je ne me suis jamais fait piquer.